GLOBAL ORGANISATION OF PEOPLE OF INDIAN ORIGIN – FRANCE – PARIS

MARTINIQUE

Histoire de l’immigration Indienne en Martinique

Par Francis PONAMAN

A la suite de l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848 les affranchis désertent les habitations pour s’investir  dans d’autres activités ou cultiver un lopin de terre.Ceux qui font le choix de rester sur les habitations  sont déçus  par les dispositions financières prises en leurs faveurs, la main d’œuvre locale est insuffisante pour répondre aux besoins de l’agriculture, les planteurs prétendent qu’ils sont ruinés et  sollicitent l’aide du gouvernement.

Ils introduisent des travailleurs européens, africains asiatiques. Mais la  nouvelle politique migratoire mise en place se solde par un échec, en définitive le gouvernement  décide de se tourner vers le sous-continent indien d’autant plus que la France possède de nombreuses loges  ainsi que 5 comptoirs  Chandernagor au Bengale, Pondichéry et Karikal sur la cote du Coromandel, Yanaon en pays télougou, Mahé  sur la cote du malabar.

Par ailleurs, l’île de la Réunion se félicite de l’introduction des travailleurs indiens  qui ont  augmenté de façon significative sa production sucrière.

Dans les colonies anglaises de la caraïbe, ce sont des milliers d’immigrants indiens qui participent avec succès  au développement économique du Royaume Uni, la France décide d’adopter la même politique que sa rivale, les décrets du 27 février 1852 et du13 mars 1852  suivis de nombreux arrêtés pris par les différents gouverneurs des colonies, le gouvernement  instaure une politique d’introduction d’une main d’œuvre étrangère.

Le ministère de la marine et des colonies  signe avec des armateurs et des compagnies maritimes  des traités pour le transport de contingents de travailleurs  indiens vers les Antilles françaises. Le premier traité est signé avec le capitaine Blanc  prévoyant par ce  dernier  l’installation de 4000 contractuels  aux Antilles françaises en 6 ans. L’état s’engage à payer une prime de 250 f par adulte et 150 f  par non adulte, l’engagiste doit verser une somme sensiblement égale et rembourser les 50 f d’avance payé par le recruteur à l’engagé en inde.

Le 6 mai 1853 l’Aurélie débarque à Saint Pierre 313 passagers, au total entre 1853 et 1883 : 25,509 travailleurs seront introduits dans la colonie. Le 25 avril, 16 maisons de commerce de Pondichéry créent la société  d’immigration de l’Inde française. Elle se fixe  comme objectif le recrutement et l’expédition des indiens vers les colonies françaises.

Le 1er juillet 1861 la France et  l’Angleterre signent une convention pour réglementer de façon commune le départ, le transport, l’arrivée et l’installation des immigrants indiens en direction des colonies françaises.

Le 18 décembre 1884 le Conseil Général décrète l’arrêt de l’immigration indienne en Martinique. Le 17 janvier un arrêté fixe le régime des immigrants, le travail réglementé  est aboli, 55 convois ont effectué le trajet de l’Inde à la Martinique dont deux navires ayant appareillés de Calcutta. 

Histoire chronologique des Indiens en Martinique

Les indiens constituent la dernière minorité introduite dans la société martiniquaise ; travailleurs sous contrat ils ont joué un rôle déterminant dans l’essor de l’économie sucrière de la colonie :

27  avril 1848 : publication du décret d’abolition  de l’esclavage

6 mai 1853 : arrivée de  l’aurélie en provenance de Karikal  dans la rade de saint pierre ; avec    313 travailleurs. Pour l’essentiel ils sont  issus de la  présidence de madras

27 février 1854 : arrivés du convoi  « le louis napoléon » en provenance de Karikal avec 500 passagers

1855 : création à Pondichéry  de la maison d’immigration  chargée du    recrutement des travailleurs indiens

1 juillet 1861 : signature de la convention franco   anglaise autorisant le gouvernement français à recruter dans  l’inde anglaise

1877 : naissance d’Eugène Govindin, sur une habitation au Macouba. Comptable sur l’habitation Aymar. Conseiller municipal, à basse pointe il satisfait  aux doléances des indiens, homme de gauche militant aux côtés du député socialiste  lagrosière,  il défendit aussi leurs droits civiques

17 décembre 1884 : arrêt de l’immigration indienne par le conseil général

Janvier 1885 : le conseil général  entérine l’arrêt de l’immigration  indienne

1888 : arrêt définitif de l’immigration indienne à destination des Antilles  françaises par le gouvernement Anglos  indien

8 mai 1902 : éruption de la montagne pelée ; 30 000 morts dans la capitale et sa région.   Plusieurs centaines d’indiens périssent. Saint pierre la capitale est détruite. Fort de France sera la nouvelle capitale jusqu’à ce jour.

1923 : acquisition définie de la nationalité française

1946 : les colonies françaises deviennent des départements français

1948 :L’affaire des  16 de basse pointe : accusés injustement d’avoir participé à l’assassinat d’un planteur, les indiens sont finalement  acquittés  par le tribunal de bordeaux.   Décès d’Eugène Govindin

1939-1945 : les indiens entrent dans la Résistance aux côtés des Antillo-guyanais et rallient le générale de Gaulle. Les indiennes feront preuve de détermination avec les femmes antillaises

1973 : création de l’association Martinique-Inde par Michel Ponama

1973 : Gilbert Francis Ponaman, professeur des écoles initie le concept d’indianité

1973 : il lance le journal « Le Soleil Indien » l’organe d’expression du renouveau culturel Indo-créole.

2003 : 150e anniversaire de l’arrivée des tamouls à saint-pierre en Martinique. Le président du conseil régional Marie Jeanne célèbre avec faste cette commémoration, symbole de l’intégration réussie des indiens dans la collectivité territoriale martiniquaise. Le gouvernement de l’Inde reconnait l’Indianité martiniquaise en finançant quelques manifestations et aussi par l’envoi de troupes culturelles.

2015 : visite de l’ambassadeur de l’Inde en Martinique et à saint-pierre dans le cadre du 164e anniversaire de l’arrivée des indiens.